Bienvenue en Uchronie

Bienvenue en Uchronie

Episode 4 Toussaint à bon port

1687176255166

 

 

 

Feuilleton uchronique

 

 

La Louisiane n’est pas à vendre

 

 Episode 4  : Toussaint à bon port

 

Depuis plusieurs jours maintenant, les flots affleuraient les premières branches des saules qui envahissaient les rives du fleuve. Il faisait presque nuit lorsqu’ils aperçurent les silhouettes des premières maisons de Nouvelle-Orléans. La réputation des rues de la ville n’était pas des plus flatteuse, aussi Toussaint décida de rester à l’abri d’une des multiples anses qui les protégeaient des remous. Un soleil paresseux émergeait de la rive gauche vers six heures du matin, Toussaint partit avec l’aube. Le plus urgent était de trouver un abri, fût-il sommaire. Il se dirigea, un peu au hasard, vers le carré français puis emprunta un chemin boueux que le conduisit vers les docks, il n’avait pas parcouru cent mètres, lorsqu’il trois hommes sortir d’une sorte de bouge comme il en existait des dizaines sur les deux rives du fleuve. Une planche mal équarrie, posée sur deux tonneaux de hauteurs inégales, faisait office de comptoir, derrière lequel trônait un barbu bourru d’une soixantaine d’années.

- C’est un sou le verre de gnôle.

Il jeta deux sous sur la planche et fit signe de resservir.

- T’es nouveau par là ?

- Oui, faut que je me loge.

- T’es tout seul ?

- Non, j’ai une femme et deux gosses.

- De quoi payer ?

Toussaint lui montra quelques pièces.

- Ça ira pour six mois.

Le barbu le conduisit à quelques mètres devant une construction en planches recouverte d’une sorte de paillage. La visite fut de courte durée. La maison était composée d’une seule pièce garnie de trois meubles branlants, d’une table qui ne l’était pas moins, de trois tabourets bancals et de deux grandes paillasses en guise de matelas.

- Ça fera l’affaire pour le moment. Faut que je vous dise que ma femme est une squaw et j’ai deux gamins métisses.

- C’est pas mes ognons, mais ça risque d’être rude. La plupart des rustauds d’ici prennent les squaws pour des morceaux de viande et les gamins métisses pour de la graine de sauvages. Vous comptez vous installer ici ?

- Oui j’en ai assez de courir les bois et de vivre avec les Indiens.

- Où est votre squaw ?

- Dans le canot, à l’abri d’une anse proche.

- Alors dépêchez-vous, je vais vous prêter une charrette à bras.

Toussaint retourna, sans attendre près de Sacagawea. Rapidement, ils vidèrent le canot de son contenu. De la nourriture de voyage, il en restait peu, les sachets de poudre et les balles étaient quasi intacts, leur habileté à l’arc avait suffi à satisfaire leur besoin en viande fraîche. Quelques peaux castors complétaient le chargement. Le tenancier du bouge les attendait avec un pot de lait.

- Je connais même pas votre nom.

- Toussaint Charbonneau, je viens du pays de l’Illinois.

- A votre accoutrement, je l’aurais deviné. Moi, c’est Ernesto Cabrera. Mon père est arrivé de Catalogne, il y a plus de vingt ans.

- Ma femme se nomme Sacagawea et mes fils Ted et Freddy.

- Très bien, soyez prudent, je pense que vous avez amassé un joli magot. Ne le montrez pas, n’en parlez pas. A la Nouvelle-Orleans, y a plus de voleurs que d’honnêtes gens. Bien entendu, vous connaissez personne ?

- J’ai entendu parler d’un certain Dubernard.

- Tout le monde le connaît, c’est le plus gros commerçant de la ville.

- Je sais, j’ai longtemps vendu des peaux à un de ses hommes.

- Si vous avez un projet, je vous conseille d’aller le rencontrer. C’est lui qui fait l’essentiel du commerce avec les Antilles et même avec les Yankees. Vous n’achèterez quasiment rien sans ses services.

  • Je lui ai rendu de menus services, je lui ferai savoir que vous êtes ici.

 

Allez à liste des épisodes 

Liste des épisodes :



05/03/2024
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres